lundi 3 février 2014

Génération Amère #1 - Où l’on explique pourquoi les cadeaux de Noël ne plaisent pas à ceux qui les reçoivent


Les traditions de Noël varient d’une famille à l’autre. Affirmation simple qui créera sans doute le consensus. De prime abord, des traditions et de la famille émane un sentiment de sécurité, une pensée rassurante. Puis très vite, les « traditions » et la « famille », se révèlent intrinsèquement complexes. Leurs atours laissent entrevoir certains aspects vitreux. La perfidie s’empare de l’instant où le sentiment de sécurité se mue, imperceptiblement, en carcan.  
Période où l’espoir doit renaître, il est de bon ton, de faire l’effort, sans que celui-ci ne paraisse, d’y croire. C’est peut-être déjà là, une tradition. La tradition veut que l’on se rassemble, annuellement, autour d’un repas généralement copieux, pour nourrir l’exceptionnel. Entre la dinde et la bûche, viennent enfin les cadeaux. Tire-bouchon à voilette pour gourmet du dimanche, mug-klaxon à motifs graveleux pour étudiant limité, rivière de diamants achetée le 24 décembre à 19h pour femme privée d'amour à l'année. Erreurs fatales, inéluctables. Inéluctables car chacun se complait dans cette jolie farandole d'apparats, en ce jour sacré ou l'on couronne le désintérêt. 
Cette tradition de la réunion annuelle est officiellement l'occasion de s'intéresser à l'autre. Que devient-il ? Qu'a-t-il réalisé l'année écoulée, que projette-t-il ? Oui, mais. Le cadre par lequel nous sommes conditionnés est tel que l’honorable intention de prêter son attention à l'autre se meurt dans l'écueil des conventions. Depuis quand ce qui rend l'autre intéressant se rapporte au digéré de ce que la société a estimé important ? Ne reste-t-il donc plus assez de générosité pour admettre que les intérêts peuvent différer d'un individu à l'autre ? Pourquoi ramener le bien-être d'un individu à sa réussite 1- professionnelle ; 2- sentimentale ? Pourquoi se conformer aux exigences de la société rendrait-il heureux, en dehors de se sentir libre de toute pression sociale, quel bien-être personnalisé ? Comment est-il possible de ne limiter les échanges lors de cette si précieuse journée qu'à une somme de lieux communs ? S'enquérir des particularités de chacun ne serait-il pas une opportunité de s'enrichir et- nous y voilà - de viser juste dans le don à l'autre ? Le don se manifestant par le cadeau mais surtout la satisfaction du besoin d'intérêt de l'autre.
La danse est le mode d'expression le plus efficient pour moi parce qu'elle est affranchie des subtilités du langage si excluantes, parfois. J'admire la simplicité des nouvelles russes, une image, une idée. Leur invitation à la réflexion morale sans fustiger, me plaît. J'adore quand les arts entrent en résonance. J'aime que la sonate à Kreutzer de Beethoven inspira à Tolstoï, sa nouvelle éponyme, que Powell et Pressburger aient intégré de véritables ballets de danse, dans le film Les Chaussons Rouges, en 1948.
Cela donne quelques pistes, non ? Alors, est-ce par fainéantise que l'on se satisfait de présenter un intérêt de surface ? Est-ce par crainte de nous renvoyer à nos propres limites ? Et si finalement ma vie ne se résumait qu'à cocher les cases, sans déborder de mon milieu ? Est-ce que je prends le temps de m'individualiser pour prétendre à un enrichissement du groupe, en admettant que ce type d'individualisme peut être plus salvateur que l'individualisme consumériste ? Ou est-ce que je me contente de l'individuation de l'individu qui donne naissance à l’individu et son milieu associé (cf. Simondon) ?



 

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